Mobile grâce au «rollateur»

Conserver une mobilité même réduite n’est pas facile quand on a atteint l’« âge d’or ».

Piétons, les aînés sont très menacés; automobilistes, ils sont perçus commemenaçants. L’aménagement urbain est parfois un obstacle supplémentaire à leurs déplacements. Pour mieux comprendre leurs difficultés, l’ATE propose de les suivre en chemin.

Mobile grâce au «rollateur»

Pour les déplacements difficiles, le Rollator est un auxiliaire précieux. Et denombreuses per
 sonnes âgées ne conservent leur mobilité que grâce à ce véhicule pratique.

From an article at www.ate.ch (Dossier Leonardo)

Author: Anne-Lise Hilty

Son inventeur mérite une récompense»,
déclare la vieille dame en souriant, en
prenant son Rollator garé devant la
porte de l’immeuble. Une ou deux fois par
jour, elle quitte la maison avec son «rolla-
teur» (voir encadré), accompagnée de son pe-
tit chien «Minu», son «moteur», comme l’a
amicalement baptisé un voisin. Ce n’est pas
tout faux, puisque «Minu m’oblige à sortir
par tous les temps et ça ne peut me faire que
du bien». C’est ce qui a incité Frieda Strub
(pseudonyme) à racheter un chien après la
mort du premier. Elle le promène volontiers,
même si cela devient plus pénible. «Il y a peu,
je faisais encore de longues balades. Avec
mon mari, nous faisions une marche chaque
dimanche.» Depuis une mauvaise chute, tout
a changé. «J’étais un peu pressée d’embar-
quer dans le tram, je n’ai pas réussi à gravir
le marche-pied. Si les jeunes qui se tenaient
là m’avaient aidée, ça se serait bien passé.»
Mais elle est tombée en arrière sur la chaus-
sée. Le conducteur de tram Beat Leuthardt
conseille de toujours prendre son temps. «La
hâte nous met en danger et conduit à des ac-
cidents.» Les bus, en particulier, accélèrent
plus vite, «alors que les véhicules électriques,
de par leur technique de propulsion, roulent
plus en douceur.»
active-autumn-walk-rollator
Depuis sa chute, Frieda Strub ne marche
plus avec sa canne et est tributaire de son
rollateur – ce qui réduit son rayon d’action.
Malgré tout, elle peut non seulement aller
promener son chien mais aussi faire ses em-
plettes. Aujourd’hui, elle se rend au «do-it-
yourself» à 500 m. de chez elle. Une dame un
peu voûtée et boitillante, vient à sa rencon-
tre d’un pas rapide. «Je crois que c’est cette
chère Madame Huber», remarque Frieda
Strub, «Je l’admire. Elle se promène tous les
jours, malgré ses 91 ans.» L’alerte retraitée
confirme, ajoutant: «Vous savez, je me bats
contre le départ dans un EMS.» Et que fait-
elle là-contre? «Marcher, marcher, marcher,
cuisiner, manger et boire», dit-elle avant de
s’en aller. Pour converser avec son amie,
Frieda Strub avait bloqué son véhicule. Un
jour, elle avait oublié de le faire et son Minu
avait promené le rollateur de long en large.
«Il n’est heureusement pas allé loin», précise
notre octogénaire en se reposant quelques
instant sur le siège de l’engin.
Toujours trop d’obstacles
Dans ses déplacements, les bordures de trot-
toir élevées et sans rampe lui causent pro-
blème, du fait qu’elle ne peut pas s’appuyer
correctement sur le rollateur pour en des-
cendre. Après avoir traversé la rue, elle doit
soulever son rollateur, même si la bordure est
rabaissée, ce qui prend un certain temps.
«J’ai parfois un peu peur quand les automo-
bilistes redémarrent et ne semblent pas réa-
liser que je reste bloquée là encore quelques
instants. Un jour, une voiture m’est presque
passé sur les talons.» Un de ses itinéraires fa-
voris, le chemin de terre battue qui mène au
parc, comporte une autre difficulté. «Ça se-
coue et c’est très pénible. L’autre jour, je
suis allée jusqu’au parc et j’ai eu beaucoup
de peine à en revenir.» Actuellement, elle
s’exerce à atteindre la gare, encore un peu
plus éloignée – elle tient à pouvoir y retour-
ner. Le centre-ville reste pour elle inaccessi-
ble, car elle ne peut pas monter son rollator
dans le tram. Et si quelqu’un l’y aidait? «Je
ne veux pas dépendre des autres. Ça devrait
tout de même être possible.»